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Au Québec et au Labrador, des Premières Nations s’unissent pour s’opposer à un projet d’Hydro-Québec

WEMOTACI, Québec • le 3 décembre 2020 Cinq Premières Nations au Québec, soit celles des Innus de Pessamit, des Atikamekw de Wemotaci, et des Anishnabeg de Pikogan, Lac Simon et Kitcisakik, ont uni leurs voix à celles de la Innu Nation pour s’opposer au nouveau corridor de transport d’électricité vers les États-Unis proposé par Hydro-Québec. Dans deux mémoires distincts adressés à la Régie de l’énergie du Canada, les six Nations autochtones expriment leur opposition à la construction et à l’opération, par Hydro-Québec, d’une ligne de transport vouée à l’exportation d’électricité en Nouvelle-Angleterre. Rappelons que la Régie a le pouvoir de bloquer le projet s’il n’est pas conforme aux exigences constitutionnelles.

Mettant résolument l’accent sur la défense de leurs droits constitutionnels, les cinq communautés situées au Québec dénoncent notamment les stratégies administratives mises de l’avant par le gouvernement du Québec, par son ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC) et par sa société d’État Hydro-Québec, pour contourner le cadre prévu par la « Loi constitutionnelle de 1982 », pour contrevenir à sa propre Loi sur la qualité de l’environnement, pour ignorer la jurisprudence établie par la Cour suprême et pour bafouer les engagements internationaux du Canada.

Pas d’exportation sans compensations

Quant au mémoire de la Innu Nation, il fait valoir qu’Hydro-Québec a toujours refusé de discuter de compensations avec les Innus du Labrador pour les torts causés à leur territoire traditionnel au cours du dernier demi-siècle. Selon leur porte-parole, la Grande Chef adjointe Mary Ann Nui, « La Innu Nation ne restera pas les bras croisés et ne laissera pas l’histoire se répéter. Au cours des 50 dernières années, de vastes zones de nos terres ancestrales ont été détruites par le projet hydroélectrique de Churchill Falls. Les gens ont perdu leurs terres, leurs moyens de subsistance, leurs voies de passage, et leurs biens personnels lorsque la zone où se trouve le projet a été inondée. Nos sites de sépulture ancestraux sont sous l’eau, et notre mode de vie a été perturbé à jamais. Les Innus du Labrador n’ont pas été informés ou consultés sur ce projet à l’époque, et, maintenant, Hydro-Québec, sans nous en parler, a l’intention d’exporter vers les États-Unis l’électricité qui est en partie produite sur nos terres. C’est une insulte supplémentaire pour les Innus, et nous refusons d’être ignorés. Il est hors de question, pour un peuple autochtone qui a déjà subi de grands préjudices de la part d’Hydro-Québec, que nous permettions que cela se produise. »

De l’électricité qui vient de chez nous

Même son de cloche au Québec où les chefs Innu, Atikamekw et Anishnabeg expriment leur frustration : « Au fil des ans, Hydro-Québec a construit des barrages, ennoyé des territoires et aménagé des installations sans même nous en parler », affirme le chef de Pessamit, M. Jean-Marie Volant.  Quant au chef François Neashit de Wemotaci, il affirme : « nos grands-parents se nourrissaient des poissons pêchés dans la rivière Saint-Maurice, mais depuis la construction des nombreux barrages d’Hydro-Québec, cela n’est plus possible. De grandes parties de notre territoire sont détruites et le pire, c’est que tout cela s’est fait sans que personne ne daigne nous consulter. » Chez les Anishnabeg de Pikogan, Lac Simon et Kitcisakik, les cheffes et chef Monik Kistabish, Adrienne Jérôme et Régis Pénosway, dénoncent aussi l’attitude d’Hydro-Québec qui a toujours refusé de parler de compensations pour tous les dommages causés par ses installations : « Aujourd’hui – disent-ils – Hydro-Québec veut exporter de l’électricité aux États-Unis, mais contrairement à l’Ontario qui s’acquitte de ses obligations constitutionnelles, le Québec ne manifeste aucune volonté de compenser nos communautés pour l’ennoiement et la destruction de nos territoires traditionnels. Cette électricité vient de chez nous, et on n’a pas l’intention de se laisser faire. »

Mise en veilleuse du projet

Bien qu’ils déposent deux mémoires distincts, le regroupement Innu Nation et la coalition des Premières Nations issues du Québec font tous deux remarquer que le premier ministre Justin Trudeau s’est engagé à appliquer la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. « Si le premier ministre Trudeau est sérieux quant à cet engagement, cela pourrait forcer Hydro-Québec à mettre en veilleuse son projet d’exportation vers les États-Unis, tant et aussi longtemps que des compensations pour le saccage de nos terres ancestrales n’auront pas été négociées avec nos Premières Nations », conclue la Grande Chef adjointe de la Innu Nation, Mary Ann Nui.

Jamais sans mon consentement

Les activités d’Hydro-Québec sur les territoires de nos Premières Nations ont permis au Québec de s’industrialiser et à la majorité de ses citoyens d’accéder à une meilleure qualité de vie. Mais les indicateurs de bien-être pour nos communautés continuent d’être comparables à ceux de pays du tiers-monde, phénomène se traduisant par la création et le maintien de deux classes de citoyens. Comble de l’indécence, on nous demande aujourd’hui de contribuer au mieux-être de citoyens américains sans même songer à nous dédommager pour les torts causés à nos territoires ancestraux depuis le début du 20e siècle. La réponse est non !

– FIN –

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