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UN COMPTE EN SOUFFRANCE DEPUIS 50 ANS

LA NATION INNUE DU LABRADOR POURSUIT HYDRO-QUÉBEC EN JUSTICE ET LUI RÉCLAME QUATRE MILLIARDS DE DOLLARS, À TITRE DE DÉDOMMAGEMENT, POUR LES DOMMAGES ATTRIBUABLES À LA CONSTRUCTION DE LA CENTRALE HYDROÉLECTRIQUE CHURCHILL FALLS.

 

Le mardi 6 octobre 2020 • St. John’s (Terre-Neuve-et-Labrador) – La Nation Innue du Labrador a annoncé aujourd’hui avoir engagé une poursuite contre Hydro-Québec à la Cour suprême de Terre-Neuve-et-Labrador et lui réclame quatre milliards de dollars pour s’être emparée illégalement de ses terres, au Labrador, en 1969, dans le but de construire la centrale hydroélectrique Churchill Falls. Cet ouvrage a été construit sur des terres qui font l’objet des revendications territoriales de la Nation Innue du Labrador, dont le Canada a reconnu le bien-fondé et qui sont au coeur des négociations actuellement en cours avec le gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador et le gouvernement fédéral.


« Il y a plus de 50 ans, Hydro-Québec et l’entreprise d’utilité publique de Terre-Neuve-et Labrador qui s’appelle maintenant Nalcor Energy, par l’entremise de Churchill Falls (Labrador) Corporation, nous ont volé nos terres et les ont inondées afin de tirer parti de l’énorme potentiel hydroélectrique de Churchill Falls, a déclaré le Grand Chef Etienne Rich. Nous n’avons pas été consultés avant le début des travaux liés à ce projet et nous n’avons jamais donné notre consentement. »


« Depuis des décennies, a poursuivi le Grand Chef, nous essayons de rencontrer les dirigeants d’Hydro-Québec afin de leur faire reconnaître la responsabilité de cette dernière et de les convaincre de nous dédommager pour l’injustice que nous avons subie. Malgré sa déclaration selon laquelle elle était résolue à travailler en partenariat avec les communautés et les nations autochtones, Hydro-Québec a à maintes reprises refusé d’aborder la question. Bon nombre de nos aînés sont morts sans avoir eu la satisfaction de constater que justice avait été rendue. Nous n’avions pas d’autre choix que de nous adresser aux tribunaux pour demander justice. »

Depuis des milliers d’années, les Innus du Labrador vivaient, chassaient, piégeaient des animaux sur ces terres et y enterraient également leurs morts. Une zone s’étendant sur une superficie plus grande que celle de l’Île-du-Prince-Édouard a été inondée afin de créer le réservoir Smallwood. On a également pris d’autres territoires innus pour y créer des corridors de transmission et des chemins d’accès. Bon nombre de sites revêtant une grande importance pour notre peuple sur les plans culturel, historique et spirituel ont été submergés ou ont subi des dommages; des cimetières innus ont été détruits, et beaucoup de chasseurs innus ont perdu tout leur équipement et leur matériel lorsque leurs campements saisonniers ont été inondés. L’inondation et la destruction des zones littorales ont causé des dommages irréparables à l’écosystème et ont porté atteinte aux traditions et au mode de vie du peuple innu.

Hydro-Québec a joué un rôle déterminant dans la construction de la centrale hydroélectrique Churchill Falls. N’eût été d’Hydro-Québec, il n’y aurait pas eu de projet Churchill Falls.

Avant 2011, les Innus n’ont jamais reçu de compensation pour les dommages qu’ils avaient subis. En 2011, au titre de l’entente de réparation Upper Churchill, Nalcor Energy a versé un dédommagement pour les dommages attribuables au projet Churchill Falls.

« Alors qu’Hydro-Québec a encaissé des dizaines de milliards de dollars en prenant l’électricité de Churchill Falls et en la vendant aux États-Unis, ses dirigeants ont à maintes reprises refusé d’engager le dialogue avec nous et de se pencher sur la question », a déclaré la Grande Chef adjointe Mary Ann Nui.

Nous n’avons jamais été consultés ou n’avons jamais reçu de compensation pour cette utilisation de nos terres — en fait, on ne nous a jamais dit que, sous le barrage, le fleuve Churchill serait réduit à un mince filet, que les chutes Churchill cesseraient d’exister et que le réservoir Smallwood inonderait pour toujours nos canots, nos campements, nos territoires de piégeage et de chasse ainsi que les lieux de sépulture de nos ancêtres.

FEU DANIEL ASHINI

Ancien Grand Chef de la Nation Innue du Labrador

La revendication des Innus va à l’encontre du positionnement d’Hydro-Québec, qui se présente comme étant une société d’État écoresponsable. Par exemple, Hydro-Québec laisse entendre qu’elle « cherch[e] à créer avec les communautés et nations des partenariats durables et mutuellement avantageux, basés sur le respect des valeurs et de la culture. Les communautés collaborent avec [elle] dès les premières étapes des projets et [qu’elles veillent] ensemble à assurer l’acceptabilité sociale des installations pendant toute leur vie utile1. »

Les Innus savent bien que les terres inondées dans le but de permettre la construction du réservoir ne pourront jamais être restaurées. Ils demandent par conséquent à recevoir leur juste part des bénéfices énormes qu’Hydro-Québec a encaissés à la suite de la destruction de leurs terres.

« Ce qui a été perdu n’a pas de prix, a expliqué Nancy Kleer, du cabinet d’avocats Olthuis, Kleer, Townshend LLP, qui représente la Nation Innue du Labrador. En l’espèce, il n’est pas possible de ressusciter le passé pour retrouver ce qui a été perdu. La seule mesure que les tribunaux peuvent prendre est d’obliger Hydro-Québec à verser aux Innus une part de ses bénéfices. D’aucuns ont estimé qu’Hydro-Québec a déjà réalisé des bénéfices pouvant atteindre 80 milliards de dollars grâce au projet Churchill Falls – et cette somme pourrait s’élever à 150 milliards de dollars à l’expiration du contrat d’achat d’électricité, en 2041. Au titre de la réclamation dont il est ici question, la Nation Innue du Labrador demande sa juste part des bénéfices réalisés par Hydro-Québec, qui se chiffrerait à au moins quatre milliards de dollars, selon certaines estimations. » 

« Nous demandons aux tribunaux de nous rendre justice pour les dommages qu’Hydro-Québec nous a causés, qu’il s’agisse de nos terres, de notre culture ou de nos traditions, et nous restons ouverts à négocier avec elle, conclut le Grand Chef Etienne Rich. Le compte d’Hydro-Québec est en souffrance depuis 50 ans. Il est temps qu’Hydro-Québec reconnaisse sa responsabilité pour ses agissements. »

1 Hydro-Québec et les communautés autochtones – PLUS DE 40 ANS DE PARTENARIAT

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